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Entreprise médicale
Figurez-vous que certains jours, je change de casquette en milieu de journée. C’était le cas ici pour ce séminaire qui avait lieu au très beau domaine de Suzel, à Vignieu. Cette entreprise dans le secteur médical faisait venir les collaborateurs de la France entière sur quelques jours pour leur séminaire annuel, ils voulaient en profiter pour mettre à jour les portraits des équipes et du comité de direction, ainsi qu’avoir un souvenir du séminaire, autant pour leur communication interne qu’externe. Ils m’ont donc contacté pour l’installation d’un studio photo dans la salle de conférences, afin que je puisse prendre en photo tout le monde pendant les pauses. 26 personnes devaient se présenter tour à tour sur mon studio mobile, afin d’être pris en photo. Ils étaient tous enthousiastes et souriants, et heureusement, parce que je n’avais que quelques minutes par personne si je ne voulais pas déborder sur les temps de plénières. Il faut donc être rapide, efficace, mais surtout être prévenant avec les participants, qui n’ont pas envie d’être expédiés en quelques secondes sur un exercice pas toujours facile qu’est le portrait corporate. Bien sûr, tout le monde choisit et valide sa photo avant de quitter le studio. S’il faut refaire des images parce que la personne ne se plaît pas avec cette pose, j’en propose d’autres, jusqu’à validation du portrait par le participant. J’ai en stock un certain nombre de techniques qui me permettent de positionner les personnes différemment si ma première proposition ne les convainc pas. Et c’est toujours intéressant de voir que parfois, une image qui fait l’unanimité autour, va être rejetée au profit d’une image qui plaît surtout à la personne photographiée. L’image que l’on renvoie est parfois bien différente de celle que l’on a de nous-même.
Une fois les portraits réalisés, une deuxième journée a commencé. Je change de rôle pour devenir un photographe de reportage. Le portrait demande une interaction sociale forte pour mettre à l’aise les participants, quant au contraire, le reportage demande d’être le plus discret possible pour ne pas déranger l’événement en cours, et prendre des photos selon l’expression consacrée : « sur le vif ». La discrétion, je crois, passe autant par la manière dont nous sommes habillés, que par notre manière de nous déplacer, notre manière de regarder autour de nous, notre manière d’interagir ou non avec les personnes qui nous entourent. Il semblerait que je sois relativement discret, puisqu’on m’a souvent écrit après l’événement pour me dire des choses comme « on ne t’a pas vu, j’ai même cru parfois que tu n’étais pas là, nous avons pourtant toutes les photos que l’on attendait, tu es un ninja de la photo ». Ce que je prends pour un très beau compliment, tant je trouve cet aspect du reportage important pour saisir des images authentiques.
Leur seconde demande était donc, en une après-midi et une matinée, de raconter le séminaire en images, avec ses speakers, ses discours et interventions, ses moments informels pendant les poses, et les temps de travail de chaque groupe.
Mon idée lorsque je suis en séminaire avec un nombre réduit de personnes, et d’essayer de prendre chaque participant dans une situation de vie, sans qu’il m’ai vu, et à son avantage. Ce qui n’est évidemment pas possible lorsque ce sont des événements avec plusieurs milliers de personnes dans une salle de concerts comme c'est le cas parfois.
Ici, j’avais la possibilité de tenter le coup. Parfois certaines personnes sont un peu cachées de mon appareil (volontairement ou non), je dois donc patienter d’avoir une nouvelle scène devant les yeux, après une pause et le brassage de tout le monde par exemple, pour l’avoir. Quand les personnes ne sont pas accessibles plusieurs « scènes » de suite, je n’insiste pas, et respecte le fait qu’elle n’ait peut-être pas envie d’être prise en photo. Dans l’immense majorité des cas, j’arrive à avoir au moins 90% des participants.
Une chose qu’il faut garder en tête lorsque l’on fait du reportage événementiel, c’est que nous avons besoin de la complicité de chacun, toute la journée. Insister sur une scène en début d’événement serait contre-productif pour la suite. Ce jour-là bien sûr, les portraits en début de journée ont facilité la complicité sur ce séminaire, puisqu’ils m’avaient déjà vu, on avait déjà échangé, rares sont ceux qui se sont cachés (à part involontairement, concentrés sur les interventions des uns et des autres). C’était donc très agréable de pouvoir pointer mon appareil vers chacun, en toute discrétion.
Ma capacité à "disparaître" à ces moments de la journée, va me servir plus tard. Pour les pauses notamment, et les moments plus informels comme les repas ou les soirées. Si je veux des photos souriantes, des éclats de rires, tout en étant proche, et souvent à l’intérieur même du groupe, il faut que ma présence n’ait gêné personne auparavant, c’est primordial pour me faire oublier toute la journée.
